Prochains concerts :

Samedi 12 décembre 2015, 20h
Église de Sains en Amiénois
Concert de Noël

Notices sur les oeuvres

Ces notices portent sur les principales œuvres interprétées récemment par l’Ensemble vocal AMBIANI. Elles consistent dans une présentation succincte de leur originalité et de la composition.

1. Jean-Sebastian BACH, BWV 227: « Jesu, meine Freude » ou « Le CANTIQUE de SIMEON »

Lors de la présentation au temple, le vieillard Siméon est le premier homme à identifier Jésus comme le sauveur de l'humanité.

Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur aller en paix selon ta parole, Car mes yeux ont vu le Sauveur que tu prépares à la face des peuples, Lumière pour éclairer les nations et Gloire d'Israël ton peuple, Gloire au Père, au Fils, au Saint Esprit et dans les siècles des siècles.

Paraphrasant le Cantique de Siméon, Martin Luther écrit en 1524 un poème traduisant cette vision apaisée et sereine de la mort. Johann Walther et Johann Franck (auteur du texte du choral Jesu, meine Freude) inscrivent dans la foi protestante cette emblématique conception du passage à l’éternité par une mort qui transgresse toutes lois humaines et transfigure toutes souffrances.

2.Heinrich SCHUTZ: « Musikalische Exequien » • Histoire de la Résurrection

Les Musikalische Exequien - du latin exsequiae, funérailles - résultent d'une commande faite à Schütz en 1635 par la famille du prince Heinrich Posthumus Reuss, qui venait de mourir. Ce prince avait lui-même choisi les textes bibliques qui seraient gravés sur son sarcophage et chantés lors de ses obsèques. Elève des Gabrieli et Monteverdi à Venise, Schütz en fit avec son génie propre une messe allemande et ajouta un motet à huit voix, ainsi que le cantique de Siméon, également à double chœur.

Les « Musikalische Exequien » témoignent du contexte historique dans lequel vécut Schütz : la Guerre de Trente Ans, les épidémies de peste, les idéologies sanglantes ont rendu l’existence du compositeur « presque pénible », selon ses propres termes ; la mort, il l’a méditée longuement, il en a connu la douleur ; il l’a aimée aussi, parce qu’elle seule peut nous délivrer de ce monde. La première partie de la messe funèbre se présente comme une suite de versets extraits de la Bible et de cantiques, les premières strophes implorant la miséricorde divine constituant le Kyrie, les versets à la louange de Dieu tenant lieu de Gloria. La deuxième partie est constituée par le motet « Herr, wenn ich nur dich habe » pour double-chœur à quatre voix. Une troisième partie met en scène trois voix provenant du caveau et répondant au chœur principal : « Selig sind die Toten ».

L’ « Histoire de la Résurrection » peut être considérée comme le premier oratorio allemand ; la tension y est très forte entre archaïsme et modernisme. Ainsi, si la narration de l’évangéliste s’ancre pour de nombreuses syllabes sur le cinquième degré (recto tono), elle est par ailleurs soutenue par un accompagnement à quatre violes de gambe, procédé inouï jusque là. Les acteurs du drame (colloquenten) sont, eux, accompagnés par l’orgue ; on retrouve dans leurs passages les procédés rhétoriques typiques de la nouvelle musique italienne (madrigalismes, recherche de couleurs et d’émotion), mais ici aussi, un curieux archaïsme s’incruste : le personnage de Jésus, par exemple, est mis en musique par deux voix chantées ; celui de Marie-Madeleine par trois voix. L’Histoire de la Résurrection est un oratorio, sans pour autant chercher un réalisme descriptif ; en insérant cette part d’archaïsme, Schütz nous rappelle que sa démarche vise avant tout le message et non les faits qui sont à son origine. Au final, une œuvre illuminée, fidèle à l’esprit luthérien et au message de Pâques.

3. Jean-Sébastian BACH, Cantate BWV dite du « Veilleur » :

Le 27ème dimanche après la Trinité est le dernier dimanche de l’année liturgique : vigilance du chrétien dans l’attente de l’avènement de son Seigneur et Dieu. La fille de Sion, Jérusalem, se doit donc de veiller lors de ces temps précédents la venue d’un Messie.
Exécutée le dimanche 25 novembre 1731, cette cantate du Cantor de Leipzig, très célèbre et souvent exécutée, fut sans doute composée deux ans après la Passion selon Saint-Matthieu. L’Evangile du jour raconte la parabole des vierges sages et des vierges folles. Bach en a ensuite transcrit une partie pour l’orgue, à la demande insistante de Schübler. C’est dire le succès rencontré par ces pages.

4. Marc-Antoine CHARPENTIER : la Messe de Minuit.

Aujourd’hui, cette Messe est la plus connue du public parmi les onze publiées par M-A Charpentier. Le Musicien des Jésuites renoue avec la tradition de la messe-parodie, dont la pratique n’était plus guère en usage à la fin du XVIIème siècle. Construite sur des noëls populaires adaptés au texte liturgique dont on conserve toujours la simplicité mélodique. Sur les six noëls employés, sept ont aussi été traités par Charpentier sous la forme de courtes pièces instrumentales. Ainsi Charpentier s’associe à la tradition du Concert spirituel des après-midi du jour de Noël, qui voulait que l’organiste improvise – pour le ravissement des auditeurs -, de nombreuses variations sur ces mélodies.

5. Jean-Sébastian BACH, BWV 227 : Oratorio de Noël, Cantates 2, 4 et 5.

L’oratorio de Noël est une œuvre composite regroupant en une seule édition, pour cette année liturgique, plusieurs ouvrages indépendants exécutés au cours des années 1734 et 1735. Succession de six cantates destinées à être réparties sur plusieurs offices : les trois jours de la Fête de Noël, le Nouvel An (circoncision de Jésus), le 1er Dimanche de l’année et celui de l’Epiphanie.

Bach a écrit trois oratorios : celui de Pâques, celui –moins connu- de l’Ascension et celui de Noël. Une partie de ce dernier est partiellement constituée de pages composées antérieurement : 17 numéros sur les 64 que comporte l’œuvre, proviennent de diverses cantates sacrées ou profanes. Les textes en allemand sont puisés dans le Nouveau Testament. Mais Bach fait aussi appel à ses librettistes habituels – Picandier et Henrici – pour la rédaction poétique des airs et chœurs, les récitatifs restant d’origine biblique et les chorals faisant partie de ceux les plus chantés par les luthériens au cours de cette période. Chaque partie tourne autour d’un thème : la Naissance de Jésus (1), l’Annonciation (2), l’Adoration des bergers (3), le Nom de Jésus (4), le Récit des « Rois Mages » (5 & 6). L’exécution en concert de la partition dans son intégralité durerait plus de deux heures et demie. Cette tradition récente (début du XXème siècle) détourne à l’évidence cette œuvre de sa destination première. Le choix de certains passages extraits des cantates 2, 4 et 5, respectant ainsi l’esprit composite qui a engendré l’ouvrage et la méthode de travail du compositeur.

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